Le président turc Recep Tayyip Erdogan, un proche allié du Qatar, a entrepris « des efforts diplomatiques » pour tenter de résoudre la crise entre Doha et ses voisins du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, rapporte la RTBF ce mardi.
« Le Président Erdogan a lancé des efforts diplomatiques pour résoudre cette dispute entre amis et frères, dans l’esprit de ce mois sacré du ramadan », a déclaré le porte-parole de la Présidence turque dans un communiqué. Proche alliée du Qatar tout en entretenant de bons rapports avec l’Arabie saoudite et les pays du Golfe, la Turquie a affirmé être prête à « assumer ses responsabilités dans les prochains jours et semaines » pour faciliter un règlement, exhortant les pays du Golfe à résoudre leurs problèmes par « les négociations, le dialogue et la communication ».
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L’annonce de la Turquie intervient au lendemain de celle de l’Arabie saoudite et cinq de ses alliés de la rupture des relations diplomatiques et commerciales avec le Qatar, accusé de soutenir le « terrorisme ». Erdogan se serait entretenu dès lundi au téléphone avec l’émir du Qatar cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, le roi Salmane d’Arabie saoudite, l’émir du Koweït cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah et le président russe Vladimir Poutine.
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Pour Israël, la rupture représente une opportunité
La Turquie n’a pas été l’unique pays à appeler à l’unité des pays du Golfe. Le secrétaire d’État américain Rex Tillerson a appelé lundi les pays du Golfe à tenter de régler leurs divergences et à rester unis après la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar, rapporte Europe 1. « Certainement, nous encouragerions les parties à s’asseoir et à parler de ces divergences », a déclaré Tillerson.
« Si nous avons un rôle à jouer pour les aider à affronter [leurs différends], nous pensons qu’il est important que le CCG [Conseil de coopération du Golfe] reste uni », a ajouté le secrétaire d’État, indiquant toutefois qu’il ne s’attendait pas à ce que cette crise « ait un impact significatif, ou d’impact du tout, sur le combat uni contre le terrorisme dans la région et dans le monde ».
Le ministre israélien des Affaires étrangères a, pour sa part, estimé lundi que la rupture des principales monarchies du Golfe et de l’Égypte avec le Qatar ouvrait la porte à une coopération avec ces pays dans la lutte contre le terrorisme, rapporte Europe 1. « Il n’y a aucun doute que cela ouvre de nombreuses possibilités de coopération dans la lutte contre le terrorisme », a indiqué Avigdor Lieberman au Parlement.
La rupture avec le Qatar « est encore une nouvelle illustration du fait que même les États arabes comprennent que le danger réel sur la scène régionale ne vient pas d’Israël, des juifs ou du sionisme mais du terrorisme », a déclaré le ministre israélien, ajoutant que « l’État d’Israël est vraiment ouvert à la coopération, la balle est (maintenant) dans l’autre camp ».
Appel à la fin de l’exemption fiscale du Qatar
En France, le ministre de la Justice François Bayrou a, quant à lui, réitéré ce mardi sa demande de revoir l’exemption fiscale dont jouit le Qatar sur ses investissements immobiliers en France, rapporte le journal l’Express.
Les investisseurs qataris bénéficient en effet d’un avantage fiscal sur leurs plus-values immobilières, normalement soumises à un prélèvement au taux de 34,5%, exception décidée en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « Le seul contribuable qui ne paye pas de plus-values c’est le Qatar. Est-ce que cette situation peut durer, je ne crois pas. Pendant la campagne, le Président a dit qu’il fallait mettre fin à cette exemption », a déclaré le garde des sceaux dans un entretien accordé ce matin à RMC/BFMTV.
Le candidat Emmanuel Macron, durant sa campagne en vue des élections présidentielles, a annoncé en avril dernier sa volonté de « mettre fin aux accords qui favorisent le Qatar. Je pense qu’il y a eu beaucoup de complaisance, durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy en particulier », a déclaré celui qui est désormais Président de la France. Les investissements du Qatar en France sont estimés à plus de douze milliards d’euros, dont le seul patrimoine immobilier représenterait près d’un quart des participations.
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